• Les voyages en train...

    Écoutant le clapotis des lettres se formant sur le tableau d'affichage on marque du regard cette informations si familière "Le Train N°5673 à destination du Havre..." S'égarant alors sur le quai où le monde se fige, on laisse aller notre esprits aux heures qui vont bientôt s'égrainer, pensant à la distance que nous allons parcourir, que lorsque nos pieds retoucherons le sol, le crépuscule sera déjà là, notre ville si familière sera à un espace temps de nous, que le monde d'ici ne vivra plus à nos yeux... Alors un crissement de freins nous éveille et nous embarquons dans ce bateau si particulier où les flots de la distance ne comptent plus...

    Comment expliquer mon amour pour ces voyages ? Il sont si uniques et semblables à la fois. Cherchant des yeux la place qui sera pour les heures à venir notre "chez nous", on y installe notre univers, nos pensées... Essayant alors de trouver de quoi occuper les heures qui vont défilées, ces heures si inexorablement longues lorsque l'impatience se fait sentir, cette impatience si forte du moment où on posera le pied sur ce quai, émue, le coeur battant la chamade et cherchant des yeux la personnes pour qui nous avons pris place dans cette embarcation... C'est à ce moment précis que l'on repousse le livre ouvert devant nous et qu'on laisse aller notre esprit dans la contemplation du paysage lointain qui défile derrière cette barrière de verre si fine... Laissant alors mes pensées s'égarer, mes pensées les plus profondes, l'envie de voir ce qui m'attends... C'est à ce moment que je m'en rends compte: Ce voyage est unique et n'appartiens qu'à moi, personne ne vivra, ne verra tout ce qui glisse sous mes yeux de la même manière. Cette feuille qui se balance au grès du vent, personne à part moi ne la fixera ainsi, ces champs, toujours les même, que je vois se muer à travers le temps, tantôt enneigés, tantôt baignés par le soleil, ce lac resplendissant sous le soleil déclinant où s'envolent quelque oiseaux... Tous n'appartiennent qu'à moi, car moi seule les regardera ainsi. Puis la nature laisse place à la ville, les quais défilent et dans un furtif instant on aperçoit derrière une fenêtre un visage, une personne essayant de tuer l'ennui en regardant simplement par sa fenêtre, et c'est grâce à ce "visage derrière la fenêtre" que l'on prends conscience cette affirmation si simple et pourtant si délicate : nous ne sommes pas les seuls sur cette Terre.

    Vivant qu'à travers notre petite vie, nos pensées, entouré de notre groupe d'amis, de notre famille, on a tendance trop facilement à croire que nous seul vivons, que le reste ne nous concerne pas, ne fait pas partit de notre vie et de ce fait n'existe pas... Mais en fixant ce visage jusque alors inconnus que l'on se rends compte que d'autre personnes sont là, qu'elles aussi possèdent amis, famille, pensées, secrets et qu'elles aussi pensent être seules. Alors à ce moment ce "visage derrière la fenêtre" pose ses yeux sur vous, un lien se crée, un regard est échangé et dans un accords évident et silencieux , un sourire se forme, durant une secondes l'autre sait que vous vivez, vous entrez dans son cercle, vous exister...

    Puis une secousse nous réveille de notre léthargie nébuleuse, nos muscles se contractent et l'envie nours prends de partir dans l'exploration de notre embarcation, alors croisant les autres passagers, sympathisants avec certain, une amitié à "usage unique" se forme, échangeant pour quelques heures à cet inconnus nos pensées. Mais alors arrive le moment fatidique où se prononce un " Au revoir et Bon voyage ! " l'instant est passé, l'amitié est dorénavant belle et bien expirée...

    L'apogée de notre voyage arrive de ce fait, réunissant notre univers, on s'engouffre dans cette gare, on parcours le quai des yeux et on retrouve notre vie dans les bras de cette personnes si particulière... Cette personne à l'origine de nos nombreuses embarcations...


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